Journal Allaitant n° 10 Bourgogne-Franche-Comté

Pour être sûr de recevoir tous nos emails, ajoutez-nous à votre carnet d'adresses.
Si ce mail ne s'affiche pas correctement, suivez ce lien.

Novembre 2024 - N° 10

JOURNAL ALLAITANT

Travailler la génétique pour améliorer les performances techniques et économiques

 
 
 
 
 

IFNAIS = aptitude à produire des veaux qui naissent facilement grâce à un poids faible et/ou à une morphologie adaptée.

 

 
 
 
 

Témoignage de David LOCTIN,

SCEA DES CHAPUIS (71)

 

Un élevage de 72 vêlages bovins charolais, plus 60 brebis sur 115 ha, dont 7 ha de céréales, 12 ha de prairies temporaires et 96 ha de prairies permanentes. L'installation s'est faite en 2004 sur un parcellaire très séchant, avec 1 UTH. 25 % d’IA, des taureaux de monte naturelle achetés en station d’évaluation. La productivité globale est de  101 %. La production brute de viande est de 410 kg/UGB (soit 70 kg de plus que l’objectif système).

 

« Mes objectifs sont d’avoir des vaches productives, que je sélectionne sur l’AVEL et ALAIT, et de l’autonomie fourragère et protéique me permettant d’avoir un système cohérent et rentable. » 

 

  • Vêlage à 2 ans et maîtrise de la reproduction

« Je fais du vêlage à 2 ans depuis 12 ans maintenant sur environ 50 % des femelles (toutes celles qui font plus de 400 kg à 15 mois), et j’engraisse toutes les vaches. Avant, je rencontrais des difficultés pour faire remplir les génisses de 2 ans alors que je voyais qu’elles demandaient à 1 an. Depuis, la reproduction est mieux maitrisée (IVV moyen de 373 j, âge moyen au premier vêlage de 30 mois) et l’IVV entre le premier et le second vêlage est même meilleur sur les femelles qui vêlent à 2 ans. Cela est lié aux très bonnes conditions de vêlage pour ces femelles, car les veaux sont plus petits (environ 5 kg de moins) et elles ont une meilleure préparation au vêlage. En engraissant toutes les vaches, je remarque que les poids de carcasse ne sont pas impactés par l’âge au premier vêlage (poids de carcasse moyen de 495 kg). Cela s’explique : celles qui sont mises à la reproduction à 15 mois sont les plus grosses. Le vêlage ralentit momentanément leur croissance, mais dès l’âge de 5 ans, elles ont rattrapé celles qui ont vêlé à 3 ans et, en général, à 6 ans elles les ont même dépassées. » 

  • Sécurisation du système fourrager

« J’ai introduit le vêlage à 2 ans sans augmenter le nombre de vêlages du troupeau. Ce qui me permet de sécuriser le chargement et l’autonomie fourragère. L’autonomie protéique est quasiment atteinte grâce à des enrubannages de prairie temporaire dont la MAT est comprise entre 14 et 16 % et du foin de prairie permanente à 10 % de MAT. Cela est possible grâce aux conseils prodigués par le bulletin Herbe Hebdo et au déprimage systématique des prairies permanentes.
Je suis également autonome en paille grâce au bâtiment logette qui ne demande que très peu de paille. Cela me permet aussi de mieux maitriser mes frais de mécanisation. » 

  • Amélioration génétique et maîtrise des gènes d'intérêt

« Côté génétique, je fais génotyper toutes mes femelles depuis 10 ans. Cela me permet de connaitre les gènes d’intérêt, de raisonner l’utilisation du gène culard et de sécuriser les plans d’accouplements. Une quinzaine de mâles sont vendus pour la reproduction (dont un tiers en station d’évaluation), ils sont tous génotypés, ce qui apporte des garanties supplémentaires aux acheteurs. » 

AVEL : aptitude d’une vache à vêler facilement grâce à sa morphologie et/ou à son comportement au vêlage.

ALAIT : aptitude d’une vache à bien élever son veau de la naissance au sevrage grâce à un bon potentiel laitier et à un bon comportement maternel.

 
 
 
 

Une bonne productivité technique pour de bons résultats économiques !

 

Dans un contexte dans lequel les cours ont profondément évolué, que ce soit du côté des produits (vente d’animaux, ventes de céréales) ou du côté des charges (mécanisation, engrais, financier, aliment…), la productivité des exploitations et la maitrise des charges sont des leviers fondamentaux pour acquérir un niveau de revenu satisfaisant. 


D’après une étude menée par le CER 71, CER 58 et SICAREV COOP en 2023, on constate que le revenu moyen est sensiblement le même entre les systèmes Naisseurs, Naisseurs-Engraisseurs de femelles et Naisseurs-Engraisseurs mâles et femelles ; avec un léger écart en faveur du système naisseurs / engraisseurs de femelles.


Cependant, en analysant les performances du ¼ supérieur de chaque système, on constate une évolution positive du revenu par UTAF (Unité de Travail Annuel Familial) et même un résultat plus que doublé pour le système engraisseurs mâles et femelles. Ces tendances des exploitations appartenant au ¼ supérieur tiennent au niveau de la productivité brute de viande vive (PBVV) tout en ayant un niveau de charges maitrisé (légèrement inférieur au reste du groupe).

Résultats économiques de Saône et Loire – Source CER 71

Quels sont les leviers de productivité et leurs impacts sur le revenu agricole ?

 

  • Les indicateurs techniques :

Le taux de mortalité, l’IVV et, plus globalement, la productivité numérique sont évidemment les premiers points vecteurs de PBVV et donc de revenus.

  • La génétique est un outil indispensable pour limiter les UGB improductifs, donc améliorer son revenu :

Cela passe notamment par l’utilisation de reproducteurs garantissant de bonnes conditions de vêlage. Grâce à des IFNAIS et AVEL de qualité, les veaux seront de taille raisonnable à la naissance et les vaches en capacité de les faire naître sans assistance. Cela permet de prévoir un bon démarrage du veau, de diminuer les risques de mortalité (pour le veau et la vache) et de ne pas pénaliser la reproduction suivante.

  • La prise en compte du potentiel de croissance avant sevrage et à l’engraissement est fondamentale pour une bonne PBVV :

L’utilisation de reproducteurs avec un fort potentiel de croissance avant sevrage (CRsev) permet de vendre des broutards plus lourds et plus tôt. Si les mâles sont engraissés, les aptitudes bouchères (IABjbf) des reproducteurs choisis permettront de faire toute la différence sur la qualité des taurillons.

  • L’allongement des cycles de production est aussi un levier très impactant sur la PBVV :

L’engraissement des femelles de réformes et des broutards, lorsque cet itinéraire est maitrisé et cohérent avec l’environnement de l’exploitation, apportera facilement une augmentation de la PBVV. Cette production supplémentaire s’accompagnera d’une hausse des coûts opérationnels (aliments, produits véto, fourrages supplémentaires), mais pourra s’exécuter avec des charges de structure équivalentes ou presque. Ainsi, la PBVV supplémentaire viendra diluer ces charges fixes et améliorer la rentabilité de l’exploitation.

  • Le vêlage à 2 ans permet aussi de booster sa PBVV :

Cette technique, aujourd’hui accessible techniquement, notamment en race Charolaise de par ses orientations génétiques, permet de réduire d’un an la durée d’improductivité des génisses et d’augmenter son nombre de vêlages sans faire évoluer son chargement.


Pour y parvenir avec succès, il est important que toutes les conditions soient réunies :

 

-    Ne pas faire seulement quelques génisses en vêlage à 2 ans mais un lot entier pour adapter facilement la conduite de ces femelles, notamment avec une ration un peu plus concentrée avant et après vêlage (pour compenser une capacité d’ingestion inférieure d’environ 10 % et couvrir les besoins de croissance encore plus élevés).

 

-    Atteindre un poids de mise à la reproduction à 14-15 mois suffisant : entre 400 et 430 kg.

 

-    Utiliser des taureaux garantissant la facilité de naissance (IFNAIS > 110 pour un taureau d’IA ou un taureau de monte naturelle ayant déjà prouvé ses facilités de naissance).

Être attentif à ces 3 points garantit la réussite du vêlage à 2 ans qui n’entrainera pas de difficultés de vêlage supplémentaires, ni de mortalité plus importante, pas d’allongement des IVV, et le poids de carcasse des vaches de réforme ne sera pas non plus impacté par un âge au 1er vêlage plus précoce. Pour preuve, le diagramme ci-dessous montre que les vaches qui ont vêlé à 2 ans sont celles qui ont les poids de carcasse les plus importants car ce sont les animaux qui avaient été sélectionnés pour leur potentiel de croissance supérieur. 

Etude réalisée par le réseau Bovins Croissance en 2021.

Le contrôle de performances, outil essentiel de suivi du troupeau.


Le contrôle des performances n’est pas seulement destiné aux éleveurs sélectionneurs. De nombreux éleveurs y adhèrent pour optimiser la conduite du troupeau par le suivi des croissances et l’appréciation de la morphologie des animaux. Ces collectes de données permettent d’obtenir des index (valeurs génétiques). 


L’ensemble de ces données sont des aides précieuses pour trier les génisses, sélectionner les vaches à réformer, réaliser des accouplements raisonnés. Ils permettent également de se comparer aux autres élevages et aux moyennes raciales ou départementales.


Plusieurs formules existent :

  • La formule VA4 - contrôle de performances avant sevrage :

Il s'agit de peser l’ensemble des veaux au minimum 2 fois avant l’âge de 1 an (cette pesée peut être réalisée avec la bascule de l’éleveur, permettant ainsi une grande souplesse de réalisation) et de pointer les veaux entre 5 et 12 mois. Ce pointage est une appréciation visuelle de la morphologie des veaux (développement musculaire, squelettique et aptitudes fonctionnelles) et réalisé par un technicien agréé pour la race. 


Les pesées permettent de calculer des Poids Age Type (PAT) à 120 jours (4 mois) et 210 jours (7 mois). Les index, valeurs génétiques des veaux et de leurs ascendants, sont calculés 2 fois par an et synthétisés par un Bilan Génétique.

 

  • La formule VPS - contrôle de performance avant sevrage et post sevrage :

Elle consiste à ajouter des pesées de génisses d’élevage 2 fois par an en bâtiment, avant la mise à l’herbe et juste après la rentrée en bâtiment à l’automne. Pour les éleveurs inscrits à l’OS, un pointage est réalisé à 30 mois ou après le premier vêlage.

 
 
 
 
 
 
 
 

"L’anticipation de l’achat d’un taureau est essentielle pour ne pas se retrouver au dernier moment à choisir un taureau par défaut.

 

Il est important de faire les bons choix génétiques en fonction de vos objectifs. En effet, les produits issus des taureaux, notamment les femelles de renouvellement, vont découler de ces choix plusieurs années après. La connaissance des ascendants du taureau, de ses propres performances, du niveau génétique des ascendants, voire de ses propres descendants permettent de sécuriser l’achat.

 
 
 
 

Les prochaines ventes des stations d'évaluation :

 

Vendredi 14 février 2025 à Créancey

Vendredi 21 février 2025 à Jalogny

 

Envie de développer l’engraissement ?  La région Bourgogne-Franche-Comté propose une aide spécifique pour développer votre atelier et bénéficier d’un accompagnement technique, faisant suite à une demande portée par la Chambre régionale d’agriculture, avec les trois coopératives d’élevage de la Région en associant le secteur privé.

 

 

Contacts :

Mickaël LARDENOIS - Chargé de mission Elevage - mickael.lardenois@bfc.chambagri.fr - 06 75 67 62 85

Chambre régionale d'agriculture Bourgogne-Franche-Comté

1 rue des Coulots - Maison de l'agriculture - 21110 BRETENIERE

Crédit Photos : ©Chambres d'agriculture BFC

 
Téléchargez les images
 
S'abonner | Engagements de confidentialité
 
Sendethic, le facilitateur du marketing en ligne.